Archives pour la catégorie Prix Audiolib 2014

Le 4ème Mur

murAu milieu des années 70, Georges, étudiant en histoire, très engagé politiquement, fait la connaissance de Samuel Akounis, un metteur en scène grec et juif, réfugié en France. Ils se lient d’une profonde amitié. Sam a un rêve : monter l’Antigone d’Anouilh à Beyrouth, au Liban, en pleine conflit. Cependant, parce que la maladie le condamne à une mort proche, c’est son ami Georges qu’il charge de réaliser ce rêve à sa place.

La mission est périlleuse et compliquée puisque chaque nationalité, chaque religion, celles-là même qui s’entretuent, est représentée par un des acteurs. Georges arrive avec un idéal : que l’art soit capable de transcender la guerre. Avant la représentation, la ville est bombardée, Chatila massacrée. Georges se retrouve alors au cœur même du conflit, sous les bombardements qui détruisent les corps et les âmes. Il atteint ce point de non-retour au-delà duquel il ne sera plus jamais le même.

Ancien reporter de guerre, Sorj Chalandon réussit l’exploit de nous faire plonger sans filet en plein dans les hostilités qui déchirent alors le Liban. C’est un roman qui dit l’horreur de la guerre mais aussi sa terrible stupidité, sa parfaite inutilité. Car à quoi auront servi tous ces morts et cette douleur infinie qui a marqué plusieurs générations? Un livre fort, à découvrir d’urgence si ce n’est pas encore fait.

Féodor Atkine, le lecteur de la version audio, sert magnifiquement le texte, avec puissance et sobriété.

Le 4ème mur, Sorj Chalandon, Audiolib, 2014.

Esprit d’hiver

espritFidèle à son goût pour l’étrange qui se révèle peu à peu au cœur même de la plus banale réalité, Laura Kasischke plonge Holly, l’héroïne d’Un esprit d’hiver dans une atmosphère propre à la troubler. Le blizzard se lève et la neige recouvre tout. Les invités attendus pour le déjeuner renoncent à venir. Le mari d’Holly, parti chercher ses parents à l’aéroport, ne peut pas rentrer et Tatiana, sa fille, d’habitude tendre et gentille, commence à se comporter bizarrement, se montrant de plus en plus agressive. L’angoisse, telle une main glacée, étreint Holly. Entre la mère et la fille, la tension monte jusqu’au dénouement qui sera forcément brutal.

Le précédent roman de l’auteur que j’avais lu – Les Revenants – ne m’avait pas du tout convaincue. J’ai été sensible, dans celui-ci, à la voix de Holly, une femme aux désirs étouffés comme le monde est peu à peu réduit au silence sous le poids de la neige et qui souffre en silence. Dans les romans de Laura Kasischke, le passé hante toujours le présent et cet Esprit d’hiver ne déroge pas à la règle. Un roman dont la froideur obscure s’immisce pour longtemps dans l’imaginaire du lecteur…

Petit bémol : Irène Jacob, la lectrice de la version audio, ne traduit pas toujours au mieux les émotions qui parcourent ce livre.

Canada

canadaDans les années 60, les parents du jeune Dell se mettent en tête de braquer une banque pour sortir de leurs difficultés financières. Cette idée, pour le moins tordue, va être le coup de pouce qui va irrémédiablement bousculer le destin de Dell et de sa sœur. Les parents incarcérés, les enfants vont suivre des chemins différents et divergents, pour ne se retrouver qu’à la toute fin du roman.

J’attendais beaucoup de cette histoire, après avoir lu plusieurs critiques très élogieuses. Le parti pris de l’auteur, qui refuse de recourir à tout suspens, toute forme de tension, m’a semblé vider l’histoire de toute son énergie. Ce choix narratif qui consiste à annoncer d’abord ce qui s’est produit puis à remonter le fil pour décrire, avec force détails, comment tout s’est enchainé, a très vite suscité mon ennui. J’ai décroché, tout simplement… Comme il s’agissait de la version audio, j’ai fini une plage de lecture… et je n’ai jamais éprouvé l’envie de reprendre, devenue totalement indifférente au sort de Dell et des siens. Le lecteur, Thibault de Montalembert, ne peut pas, avec ce texte, donner la pleine mesure de ses talents. Dommage!

Canada, Richard Ford, Audiolib, 2014

Ainsi résonne l’écho infini des montagnes

Ainsi résonne l’écho infini des montagnes est le troisième roman de Khaled Hosseini.

ainsi résonne

Il débute par la séparation traumatisante de deux enfants, un frère et une sœur. Dans l’Afghanistan rural des années 40, Saboor a bien du mal à faire subsister toute sa famille. Il décide de vendre la petite Pari, trois ans, aux Wadhati, un riche couple qui vit à Kaboul, tandis qu’Abdullah, son fils ainé reste avec lui.

 De cette décision découle toute la suite du livre, car ce choix va peser lourdement sur les destins des uns et des autres.

Balayant plus de cinquante ans de l’histoire de l’Afghanistan, ce livre aurait pu me passionner, mais sa structure kaléidoscopique, faisant intervenir tour à tour maints personnages a fini par me lasser. Les points de vue alternent, se superposent, s’éclatent. Le va-et-vient temporel finir par donner le tournis. Les personnages sont ébauchés, mais jamais suffisamment développés pour qu’on s’y attache. Certains apparaissent et on se demande ce qu’ils viennent faire là…

Au final, ce livre apparait comme un grand fourre-tout qui brasse allègrement histoires de famille, histoire d’un pays, thèmes en vrac. L’auteur multiplie les chapitres et les détails sans que cela enrichisse forcément l’histoire, bien au contraire. On finit par se perdre dans les méandres de ces vies et par n’y plus trouver aucun intérêt. Si je n’avais pas écouté ce livre dans le cadre du prix Audiolib, j’aurais interrompu ma lecture à mi-course, sans regrets…

Ainsi résonne l’écho infini des montagnes, Khaled Hosseini, Audiolib. 

La lettre à Helga

Photo du 33403861-02- à 09En Islande, dans le petit village de Kolkustadir, le vieux Bjarni sent que la fin de sa vie arrive. Il ne veut pas quitter ce monde sans répondre à la  lettre que lui envoya un jour Helga, la seule femme qu’il ait jamais aimée.

Prenant la plume, il passe en revue sa vie et ses souvenirs : son métier de contrôleur de fourrage, l’importance de son élevage de moutons, la stérilité de sa femme et la douleur de celle-ci à l’idée de n’avoir jamais d’enfant, et enfin son attirance pour Helga, la femme de la ferme d’à-côté, si épanouie et vivante. Lire la suite La lettre à Helga

Docteur Sleep

docteur sleepDans Docteur Sleep, Stephen King reprend le personnage du petit garçon de Shining, Dany Torrance. Celui-ci est désormais adulte, mais, poursuivi par les images horribles que ses facultés extra-sensorielles lui font percevoir, il a sombré dans l’alcoolisme. Un épisode particulièrement déplorable lui fait prendre conscience de la honte et de la culpabilité qui l’habitent. Il prend la route et décide d’arrêter la boisson.

Il s’installe dans une petite ville, trouve du travail et s’inscrit aux Alcooliques Anonymes.  Peu à peu, il retrouve un certain équilibre et se fait des amis. Son pouvoir particulier lui permet d’aider les mourants à passer dans l’au-delà, d’où le surnom de Docteur Sleep.

Un jour, il est contacté « en esprit » par une petite fille nommée Abra. Comme lui, elle a le « don », c’est à dire des pouvoirs surnaturels. (La description de ces dons et de la réaction des parents de l’enfant donne lieu à quelques scènes comiques.) Ensemble, ils vont lutter contre un groupe de personnes – Le Nœud Vrai – qui, sous les traits d’un groupe d’Américain moyens circulant en campings-cars – sillonne les Etats-Unis, à la recherche d’enfants possédant le « don ». 

Quand les membres du Nœud Vrai flairent l’odeur d’Abra, une fillette aux pouvoirs exceptionnels, ils n’ont plus qu’une idée en tête : la débusquer à tout prix et s’en emparer. Heureusement, Abra n’est pas seule : Dany est là, prêt à l’aider. Car tous les deux ont compris qu’ils ne sont pas liés que par les liens de l’esprit.

Je ne peux pas dire que j’ai écouté cette histoire avec déplaisir. Le lecteur, Julien Châtelet, sait parfaitement se mettre dans la peau de Dany Torrance. Je ne peux pas dire non plus que ce livre fera date dans ma vie de lectrice. Je ne suis pas une adepte du surnaturel.

J’ai vu dans Docteur Sleep une sorte d’allégorie de l’Amérique contemporaine, l’ancienne génération pompant littéralement l’énergie des plus jeunes (je songe aux ex-soixante-huitards qui ne veulent rien lâcher et demeurent aux postes stratégiques par exemple…), un pays malade de son obsession de la jeunesse. Un pays où nombre d’enfants disparaissent aussi chaque année et qu’on ne retrouve jamais…

J’ai trouvé l’histoire un peu longuette et la fin grand-guignolesque et attendue, typique du happy-ending à l’américaine.

Bref un avis mitigé, sans grand enthousiasme. Un peu tiède…

Les billets de : Sylire, Enna, Sandrine, Leiloona, Saxaoul, Mrs B, Sophie, Valérie.

Docteur Sleep, Stephen King, Audiolib, lu par Julien Châtelet, 18h44 d’écoute

L’appel du coucou

9782356416520-GCormoran Strike, ex-militaire, est détective privé à Londres. Il a perdu une jambe en Afghanistan, vient de se faire jeter par la femme de sa vie et n’a même plus de quoi payer le loyer de son bureau. Le jour où l’histoire commence, il manque de blesser la jeune Robin, secrétaire intérimaire, qui vient travailler à son cabinet pendant une semaine. Bien qu’il n’ait pas d’argent et presque pas de clients, Cormoran, au lieu de la renvoyer, décide de la garder. Or voilà qu’un homme se présente : il a besoin de ses services. Lire la suite L’appel du coucou