Au milieu des années 70, Georges, étudiant en histoire, très engagé politiquement, fait la connaissance de Samuel Akounis, un metteur en scène grec et juif, réfugié en France. Ils se lient d’une profonde amitié. Sam a un rêve : monter l’Antigone d’Anouilh à Beyrouth, au Liban, en pleine conflit. Cependant, parce que la maladie le condamne à une mort proche, c’est son ami Georges qu’il charge de réaliser ce rêve à sa place.
La mission est périlleuse et compliquée puisque chaque nationalité, chaque religion, celles-là même qui s’entretuent, est représentée par un des acteurs. Georges arrive avec un idéal : que l’art soit capable de transcender la guerre. Avant la représentation, la ville est bombardée, Chatila massacrée. Georges se retrouve alors au cœur même du conflit, sous les bombardements qui détruisent les corps et les âmes. Il atteint ce point de non-retour au-delà duquel il ne sera plus jamais le même.
Ancien reporter de guerre, Sorj Chalandon réussit l’exploit de nous faire plonger sans filet en plein dans les hostilités qui déchirent alors le Liban. C’est un roman qui dit l’horreur de la guerre mais aussi sa terrible stupidité, sa parfaite inutilité. Car à quoi auront servi tous ces morts et cette douleur infinie qui a marqué plusieurs générations? Un livre fort, à découvrir d’urgence si ce n’est pas encore fait.
Féodor Atkine, le lecteur de la version audio, sert magnifiquement le texte, avec puissance et sobriété.
Le 4ème mur, Sorj Chalandon, Audiolib, 2014.