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La tête de l’emploi (2)

Elle a tout juste vingt ans et arrive du sud avec un petit accent rocailleux et chantant qui s’accorde bien à sa personnalité pleine d’énergie. Elle pétille, littéralement. Elle porte beaucoup de bijoux et à peine un trait de crayon sur les paupières. Elle pourrait être l’héroïne d’un film de Rohmer. Pour le moment, j’habite chez mon grand-père, explique-t-elle. Le dernier « R » roule en cascade au coin de son sourire. Elle n’a pas de formation, à peine trois mois d’expérience. Elle ne le dit pas mais on devine qu’elle a fui. Quoi? Un petit ami collant, une famille trop exigeante, des rêves fracassés. Qui sait? Elle se débrouille. A déjà travaillé dix jours ici, un mois-là. Elle ne sait pas encore bien où elle va, mais elle s’en sortira. C’est sa bonne étoile qui le lui a promis. Et elle, sa bonne étoile, elle y croit.

Capture d’écran 2013-03-12 à 11.18.22A l’heure où les médias n’hésitent pas à se faire le relais d’idées nauséabondes, qui condamnent les plus fragiles en les désignant comme des parasites, des assistés ou des fraudeurs, j’ai eu envie de faire contre-poids en vous livrant ces esquisses de personnes croisées dans une association où je donne un peu de mon temps. 

La tête de l’emploi (1)

Elle est nerveuse, sur le qui-vive presque. Ses gestes, quand elle cherche un crayon dans son sac, sont fébriles. Elle sourit vaillamment pourtant mais derrière ce sourire, on sent que la vie n’a pas été tendre. Qu’elle en a bavé et sait que ce n’est pas fini. Elle est seule, avec trois enfants à charge. Le père ne donne pas signe de vie. Elle vit dans un HLM près d’une avenue passante et ne supporte plus le bruit incessant. Elle espère un autre logement. Elle rêve d’un petit bout de jardin pour que ses enfants puissent y jouer. Elle s’accroche à ses rêves mais malgré toute sa bonne volonté, il y a des jours avec mais beaucoup plus de jours sans. Elle voudrait du travail aussi. N’importe quel travail, du moment que les horaires lui permettent d’aller chercher sa plus jeune fille à la garderie. Son regard s’éclaire à l’évocation de cette enfant. C’est mon petit rayon de soleil, dit-elle.

Capture d’écran 2013-03-12 à 11.18.22A l’heure où les médias n’hésitent pas à se faire le relais d’idées nauséabondes, qui condamnent les plus fragiles en les désignant comme des parasites, des assistés ou des fraudeurs, j’ai eu envie de faire contre-poids en vous livrant ces esquisses de personnes croisées dans une association où je donne un peu de mon temps.