Archives pour la catégorie jeunesse

Décollage immédiat

Depuis que ses parents ont divorcé, Lana joue les vilains petits canards à l’école. Elle ne voit plus son père et les relations avec sa mère, hôtesse de l’air, sont particulièrement tendues. Un soir, après une énième convocation chez le proviseur, Lana rentre chez elle, dans un appartement vide et rumine sur son proche avenir… Tandis qu’une pizza surgelée chauffe dans le four, elle reçoit un coup de fil de sa mère qui lui ordonne de partir immédiatement et de se rendre à l’aéroport de Roissy pour y prendre un paquet à la consigne… Lire la suite Décollage immédiat

Un amour de geek

Le geek, chez moi, c’est mon fils cadet et c’est pour lui que j’ai acheté ce roman. Hélas, les écrans le fascinant beaucoup plus que le papier, il s’est écoulé quelques mois durant lesquels le livre est resté au bord de son lit à accumuler la poussière. Evidemment, je ne pouvais pas laisser faire une chose pareille… Un jour, je me suis emparée du roman et sans plus attendre me suis plongée dedans…

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Je préfère qu’ils me croient mort

Taper dans un ballon, c’est ce que Dieu nous a appris de mieux.

Voilà ce que dit le jeune Kounandi, qui comme tous ses copains, n’aime rien tant que taper dans la balle sur les rives du fleuve Niger, dans ce pays d’Afrique qu’il habite et qui s’appelle le Mali. Le jour où un recruteur italien vient les voir, dans son beau costume, en leur proposant de les tester pour, peut-être, les faire embaucher ensuite dans un club européen, les jeunes garçons croient leur futur assuré. Mais après avoir extorqué une somme faramineuse aux familles et fait embarquer les apprentis footballeurs dans un avion, le recruteur se volatilise, laissant les adolescents livrés à eux-mêmes, dans un pays dont ils ne connaissent ni les règles, ni les coutumes et soumis au bon ou au mauvais vouloir de ceux qui vont croiser leur chemin.

Loin de la célébrité et de la richesse promise, les garçons découvrent la solitude, la misère et surtout la honte d’avoir échoué.

Un roman qui, sans tomber dans le pathos, raconte les rêves brisés de centaines de jeunes qui voient l’Europe comme un Eldorado et ne rencontrent, la plupart du temps, qu’hostilité et incompréhension… En une centaine de pages, Ahmed Kalouaz décrit avec justesse le destin bouleversant de Kounandi et de ses camarades…

Un  article de Florian Kalouaz, à la fin du roman, sur les Exilés du Foot éclaire sur la signification du titre de ce roman :

Un expatrié, s’il réussit dans la vie, peut être une manne financière importante pour ses proches. S’il échoue, l’échec est quasi impossible à avouer. La plupart avouent alors :  » Je préfère qu’ils me croient mort »…

Je préfère qu’ils me croient mort, Ahmed Kalouaz, Doado Rouergue

Loin, très loin de tout

Je connaissais Ursula Le Guin de nom mais je n’avais jamais rien lu d’elle avant ce petit ouvrage qui n’a rien à voir avec ce qu’elle écrit habituellement, à la frontière du fantastique et de la science-fiction.

Owen est un adolescent qu’on qualifierait sans doute de précoce.

J’ai été admis à l’école avant l’âge réglementaire parce que j’étais un brillant petit sujet. J’ai toujours été brillant pour mon âge.

Il tente de donner le change, de paraître « normal », comme les autres. Il copie leur mode, discute des matches de basket mais rien n’y fait. Il se sent toujours décalé. Jusqu’au jour où sa route croise celle de Natalie qui, elle aussi, à sa manière, n’est pas tout à fait comme les autres. Passionnée de musique, elle a l’ambition de devenir compositeur et organise toute sa vie avec la ferme volonté d’atteindre ce but. Ils deviennent très vite amis, ayant beaucoup à partager. Cependant Owen, qui tâtonne toujours pour essayer de comprendre qui il est et quel est le sens de sa vie, met un jour cette belle amitié en péril…

J’ai lu avec beaucoup de plaisir ce livre court. Ecrit dans les années 70, il n’a pas vieilli d’un iota. Les adolescents y sont délicatement décrits, avec leurs doutes et leurs espoirs, leur difficulté à affronter la vie adulte aussi. Surtout. Il y est question d’amitié, d’amour, de savoir, de choix. A mettre entre toutes les mains…

Loin, très loin de tout, Ursula Le Guin, Actes Sud

Le rose et le noir

Avec un titre pareil, on pourrait croire que je vais parler de films canaillous ou de lingerie olé-olé… Eh bien non, tout faux, je vais parler de livres pour la jeunesse. Ah ah!

Pour la catégorie Rose, mais alors vraiment vraiment rose, il s’agit du Journal d’Aurélie Laflamme. Ce premier tome, d’une série qui compte déjà huit volumes et fait l’objet d’une adaptation cinématographique, est écrit par India Desjardins, une auteure québécoise. Aurélie Laflamme, quatorze ans, tient régulièrement un journal où elle consigne ses petits tracas quotidiens, les relations avec sa mère, les fous-rires partagés avec sa meilleure amie Kat et ses interrogations sur le lieu où se trouve désormais son père, mort quand elle était plus jeune… C’est frais, léger mais pas trop non plus, pas gnan-gnan et j’ai bien ri à la lecture de certains passages. Malgré tout, je suis restée un peu sur ma faim au niveau du style. J’ai trouvé ça un peu plan-plan parfois, j’aurais aimé plus de punch…

Lucie est fan!

Pour la catégorie Noir, j’ai lu, le temps d’une petite insomnie, Frères de Sang de Mikaël Olivier. Martin mène une vie tranquille et relativement protégée avec ses parents et son frère Brice dans la banlieue parisienne. Jusqu’au soir où la police débarque dans la maison, embarque Brice, le frère, dix-neuf ans, en l’accusant de pas moins de cinq meurtres! Les preuves sont accablantes, la détermination des parents à croire leur enfant innocent vacille. Seul Martin est persuadé que Brice n’a rien fait et décide de le sortir de là. Un roman qui captive d’emblée et décrit avec beaucoup de réalisme et de crédibilité la manière dont les parents, l’entourage et Martin vivent ce bouleversement. L’adulte que je suis a été un peu déçue par la rapidité de l’enquête et du dénouement de cette affaire mais je pense que c’est dû au format « ados », pour lesquels il est parfaitement adapté. C’est ma seule réserve sur ce livre vraiment prenant et bien écrit. Un thriller à lire et à prêter – peut-être… – à vos enfants, surtout s’ils ne sont pas sages… Hin, hin, hin (rire diabolique…)..

La page de l’auteur à propos de ce livre.

Le journal d’Aurélie Laflamme, India Desjardins, Michel Lafon, 13,95€

Frères de sang, Mikaël Ollivier, Editions Thierry Magnier, 7,80 €

Le signe de K1

Encore une fois, une lecture estampillée « ados » m’a réservé une belle surprise. Une des bibliothécaires de DZ m’avait parlé de ces deux tomes avec un air gourmand… Il n’en fallait pas davantage pour me donner envie de les lire. C’est chose faite.

L’histoire début en 2322. Dans la communauté de K1, réfugiée dans les Hauts Monts du Karakoram, scientifiques et chercheurs viennent de mettre au point un système qui pourra peut-être éviter que les derniers milliers d’habitants de la Terre ne périssent sous les eaux dont le niveau ne cesse de monter depuis des dizaines d’années.

Ce projet – appelé Protocole de Nod – consiste à envoyer vingt-deux Pionniers en … 2020! Une fois installés, ils seront chargés de préparer le rapatriement de leur concitoyens dans le passé. Ils espèrent pouvoir alors agir pour transformer l’Histoire et éviter les catastrophes qui ont abouti à la mort de millions d’humains.

Kane Adamsohn débarque donc à Médiola, dans le sud de la France, avec sa femme et ses deux enfants. Ils changent de nom et apprennent à se fondre parmi les habitants pour mener à bien leur mission. Mais quelques mois après leur arrivée, une épidémie étrange se développe, faisant de nombreuses victimes. Et lorsqu’enfin, cette épidémie commence à perdre du terrain, c’est à une vague de violence inexplicable que doivent faire face les autorités.

Peu à peu, Kane Adamsohn comprend que le président de K1, Tubal-K, ne lui a peut-être pas tout dit et que ses desseins sont peut-être bien plus sombres qu’il ne l’imaginait…

Mêlant aventures, voyage dans le temps, pouvoirs paranormaux, histoire d’amour et manipulation politique, les deux tomes du Signe de K1 se dévorent en quelques heures. Les rebondissements se succèdent, ne laissant pas de répit au lecteur. Les personnages (et leur évolution) sont captivants. Enfin, la réflexion sur ce qu’une société fait de sa jeunesse et sur la violence et les moyens de la combattre constitue un fond riche qui donne beaucoup d’épaisseur au récit.

Alors, laissez-vous tenter…

Le signe de K1, tomes 1 & 2, Claire Gratias, Soon, 15€90

Seuls dans la ville (entre 9h et 10h30)

Que ceux qui ne connaissent pas encore Yves Grevet lèvent le doigt! Comment? Vous ne vous êtes pas encore plongés dans Méto? Il va falloir réparer cela au plus vite… mais vous tancer pour vos lacunes en littérature jeunesse n’est pas le but de mon billet aujourd’hui.

Je veux plutôt vous parler du nouveau roman d’Yves Grevet, Seuls dans la ville entre 9h et 10h30. L’idée de départ est originale, aussi originale en tout cas que la prof de français qui la lance… Elle propose à ses élèves de Première de se poster à l’endroit de leur choix, dans la ville, entre 9h et 10h30 et d’écrire ce que cela leur inspire : description, fiction, poésie…

Or il se trouve que ce jour-là est aussi celui où la police retrouve le cadavre de Maître Marideau, le notaire de la ville, dans sa voiture, sur l’île aux Chiens. Comme les forces de l’ordre semblent nager dans la semoule piétiner et n’avoir aucune piste, Erwan, un des jeunes lycéens présents dans la ville ce jour fatal, décide d’utiliser les copies de ses camarades pour tenter de trouver des indices qui permettraient de remonter jusqu’au coupable.

Le lecteur peut suivre l’histoire mais aussi lire les copies des élèves et les commentaires de la prof sur ces mêmes copies.

J’ai trouvé l’histoire originale, facile à lire. Les personnages principaux sont sympathiques. Cependant, j’ai été un peu déçue par le style, que j’ai trouvé neutre, voire quelconque. Il y a bien sûr quelques passages drôles ou émouvants mais j’ai trouvé que tout cela manquait d’énergie, de brio, de ce flamboiement qu’il y a souvent chez les adolescents de cet âge et que l’on peut retrouver dans le Maxime d’Anne Percin par exemple (Comment bien rater ses vacances). Une écriture un peu pépère et des adolescents intelligents mais, pour finir, bien trop sages à mon goût…

L’avis de Bladelor, qui rejoint le mien.

Un automne à Kyoto

La résidence d’artiste obtenue par son père à Kyoto oblige la jeune Margaux – qui vient à peine d’emménager à Saint-Malo – à faire ses bagages pour l’accompagner, découvrir le Japon et s’occuper de sa petite sœur. Elle laisse derrière elle sa mère et son amoureux et part à la rencontre d’un pays qu’elle rêve de découvrir. Ce faisant, elle fait également la connaissance d’un jeune photographe qui ne la laisse pas insensible…

Curieusement, durant toute la lecture de ce roman ado, j’ai eu l’impression de voir en filigrane… je vous le donne en mille… Olivier Adam! Pourtant, je ne suis pas, comme Clara, une fan de cet auteur, loin de là… Mais enfin, l’évocation de Saint-Malo, le côté ours maniaco-dépressif et la résidence d’artiste au Japon (où se déroule Le cœur régulier), tout cela formait un faisceau d’indices étonnant. Renseignement pris sur internet après la lecture de ce roman, il s’avère que Karine Reysset est la compagne… d’Olivier Adam! Ah, je le savais! J’aurais dû faire Nestor Burma, moi, dans la vie…

Mais sinon, à part le côté un peu people de la chose, que dire de ce roman jeunesse? Euh… pas grand-chose en fait. L’histoire est convenue – l’adolescente qui, plongée dans un univers différent tombe sous le charme du photographe vénéneux, les parents qui profitent des kilomètres qui les séparent pour se déchirer, les fillettes qui souffrent… – et la narration sans relief. Même les dialogues m’ont paru sonner faux… Seules surnagent de cette bouillie tiède les pages écrites par Margaux, et inspirées  des Notes de chevet, ouvrage écrit au XIème siècle par une courtisane de la cour de l’empereur du Japon. Ces « notes de chevet », écrites par Margaux, restituent, parfois avec poésie, l’ambiance de Kyoto.

Toucher : sous mes pieds nus, la paille tressée des tatamis, le plancher des temples et, sous les doigts, les troncs lisses des bambous.

Ouïe : l’eau qui coule dans les jardins, le vent dans les arbres, dans les plaquettes votives et les clochettes qui tintent dans les sanctuaires, le crissement des insectes, le cri des singes, le coassement des corbeaux.

Parfums : les fleurs toujours et partout, la pluie souvent, la fumée et l’encens.

Au final un livre qui ressemble beaucoup au Cœur régulier d’Olivier Adam. On le lit, on apprécie quelques pages sur ce pays inconnu et fascinant, le Japon, et pour le reste, on oublie tout sans même y prendre garde…