Zelda la Rouge

Autant vous l’annoncer d’emblée : j’ai eu un vrai coup de cœur pour ce roman! A tel point que j’aurais voulu le faire durer, pour rester plus longtemps entre ses pages.

De l’auteur, j’avais déjà lu La ballade de Sean Hopper et Les ostrogoths, qui m’avaient emballée. Aussi, quand j’ai vu ce nouveau roman qui traînait à la médiathèque sur les présentoirs destinés à la jeunesse, je l’ai raflé comme une voleuse. Et à peine rentrée chez moi, je l’ai entamé comme on croque dans une pâte de fruits (artisanale, la pâte de fruit, je précise…)

P1040919Pourtant, avec Zelda la Rouge, on est bien loin du sucre et des confiseries. A 16 ans, elle est paraplégique, et se déplace en fauteuil roulant. La faute à un chauffard qui l’a renversée quand elle avait 10 ans, et qui ne s’est même pas arrêté pour lui porter secours. Sa sœur Julie, son ainée de quelques années, ne rêve que d’une chose : trouver le salopard qui a fait ça, et le lui faire payer! Pourtant, Zelda a su trouver en elle l’énergie de dépasser sa paralysie pour retrouver le goût de la vie. Elle est une ado comme les autres, avec ses questionnements sans fin, ses fous-rires – si possible partagés avec les amis – et sa capacité à s’émerveiller du chant d’un oiseau ou d’un légume qui pousse…

Les deux sœurs vivent dans la maison de leur grand-mère décédée. En compagnie de Kathy, qui travaille dans la maison de retraite où Julie officie aussi comme aide-soignante. Et bientôt de Jocelyn, un homme au bout du rouleau qui retrouve peu à peu goût à la vie. Il faut dire que Julie a des apparitions, des sortes de prémonitions. Ce qui peut aider quand on cherche le co-locataire idéal. Ou bien bien le chauffard qui a condamné sa sœur à la paralysie.

Je n’en dirai pas davantage. Martine Pouchain a créé pour ses personnages un cocon où le lecteur, lui aussi, se sent bien. Contrairement à Anna Gavalda ou à Barbara Constantine qui frôlent souvent les bons sentiments, voire la mièvrerie, dans leurs livres-doudous, l’auteure brosse ici le portrait de deux jeunes femmes hautes en couleurs, aux partitions inversées. Zelda l’handicapée est bien dans sa peau. Julie se construit dans la haine et le désir de vengeance.

Autour des deux sœurs, Kathy, Jocelyn, Paul, Baptiste et les autres jouent parfaitement leur morceau : humains, tendres, cabochards et ambivalents à souhait.  C’est rugueux et doux, à la fois. Drôle et déchirant, comme un film de Claude Sautet. On est amusé, touché, ému.

C’est une belle tranche de vie que nous offre ici la plume de Martine Pouchain. Une lecture comme un condensé d’émotions fortes qui marque pour longtemps.

Vous l’avez compris : un livre à lire, à offrir (les fêtes approchent..) et à faire connaître!

Zelda la Rouge, Martine Pouchain, Sarbacane.

Le seul petit détail qui m’a fait tiquer : Pablo Casals est violoncelliste, pas violoniste…

18 réflexions sur « Zelda la Rouge »

  1. Je n’aime pas non plus les bons sentiments, je les fuis même, en littérature ado comme adulte. Donc celui-ci, si je le croise à la bib, je ferai comme toi. Notre goût commun pour « Comment bien rater ses vacances » me laisse penser qu’il pourrait me plaire.

    1. @ Claudialucia : c’est parce que j’ai un violoncelliste sous la main que j’ai noté cette petite erreur! D’ailleurs, il ne faut pas le lui dire, mais moi, je préfère le violon! 😉

  2. Tu me rassures, le petit détail qui te dérange me serait passer complètement à coté. J’ai lu une centaine de pages, j’aime bien le ton, les personnages, l’écriture… Je prends mon temps pour ne pas l’avaler trop vite, c’est toujours bon signe.

  3. Au début j’ai cru qu’il y avait un rapport avec Zelda Fitzgerald…bon rien à voir, mais ce que tu dis me tente beaucoup (essentiellement parce que tu as noté que ce n’était pas mièvre, généralement je fuis le bons sentiments).

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