Les fleurs d’hiver

9782752909985-e581cAlors que la guerre est en voie de s’achever – nous sommes en octobre 1918 – Toussaint, le mari de Jeanne rentre à la maison. Il ne rentre pas en héros fanfaronnant. C’est, comme beaucoup d’autres, une « gueule cassée ». Il ne parle plus et cache sous un bandeau de tissu l’étendue de sa plaie. Jeanne, qui imaginait que le retour de son mari et la fin du conflit lui permettraient de redevenir comme avant, comprend que si la guerre des tranchées est terminée, d’autres combats sont encore à mener. 

Pour cette ouvrière fleuriste, qui pendant quatre ans a affronté presque seule l’épuisement dû au travail, la faim, les privations de toutes sortes et l’éducation de sa fille – la petite Léonie – il reste de nombreuses épreuves à surmonter pour retrouver le chemin vers le cœur de Toussaint. 

Pour raconter cette histoire de blessures à vif et d’amour déchiré, Angélique Villeneuve a trempé sa plume dans la douceur et la sensibilité. Avec une économie de mots, à l’instar de son héroïne qui fait jaillir des fleurs de presque rien, elle laisse voir, et parfois seulement deviner, toutes les fractures engendrées par la guerre. Peu à peu, ses phrases cernent la douleur, le chagrin, l’incompréhension aussi. Elle n’écrit pas, elle souffle avec retenue sur la nappe de brouillard du passé pour en faire surgir silhouettes, couleurs, mouvements. Ce faisant, en quelques traits épurés, c’est toute  la complexité et l’horreur du conflit qu’elle nous donne à voir. Avec en prime, encore une fois, un portrait de femme d’une humanité émouvante : la courageuse et profondément aimante Jeanne. 

Une grande réussite. 

Une lecture commune avec Clara, Aifelle et Cathulu.

Quelques questions me sont venues à l’esprit à la lecture de ce roman. Angélique Villeneuve a promis d’y répondre très bientôt, dès que le tourbillon engendré par la sortie de son roman se sera calmé. Rendez-vous donc la semaine prochaine pour reparler de ces très belles Fleurs d’hiver. 

Les fleurs d’hiver, Angélique Villeneuve, Phébus. 

29 réflexions sur « Les fleurs d’hiver »

  1. Nous sommes en phase sur ce roman (je n’ai pas encore vu le billet de Clara) une belle réussite, un livre touchant qui nous plonge directement dans le quotidien des femmes et des problématiques de l’après-guerre, sans oublier l’amour.

  2. Merci, merci Gwenaëlle! Je ne suis pas sûre qu’il y ait, à proprement parler, une « déferlante » occasionnée par la sortie du livre (hormis celle des bloggeuses, et elle fait chaud au coeur, je vous assure), mais promis, je réponds vite aux questions! Vous saurez tout sur la naissance des Fleurs… 😉

  3. J’ai juste suivi chez Clara ses rencontres livresques (avec cette romancière, entre autres) et je découvre vos billets de LC. Un tel enthousiasme partagé ne me laisse pas indifférente et les mots que tu as pour ce livre sont sensibles. Je le note ! 😉

  4. Est-ce parce qu’il s’agit d’un point de vue féminin sur la guerre que seules les femmes le chroniquent ? (à moins que l’éditeur ait volontairement zappé les rares blogueurs…). Quoi qu’il en soit, votre enthousiasme est contagieux et diablement tentant. Je rajoute volontiers ce titre sur mon interminable liste…

    1. @ ICB : il vient juste de sortir, ce roman… Je pense que l’éditeur a choisi des blogs qui connaissaient déjà les précédents romans de l’auteur. Tente ta chance, on ne sait jamais! 😉

      1. Non, non, ça ira… L’histoire m’intéresse et je trouverai bien un moyen de trouver le roman un de ces jours en bouquinerie sans avoir à quémander. Ce n’est pas comme si je n’avais rien à me mettre sous les yeux 😉
        C’est simplement que la connaissance approximative et l’approche primitive des blogs par les attaché(e)s de presse ne cesse de me consterner.

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