Là-haut, tout est calme

Rares sont les romans traduits du néerlandais mais ils réservent souvent de belles surprises. Celui-ci n’échappe pas à la règle. A peine lues les premières pages, on entre dedans sans rechigner ni se poser de question, pris par le déroulement de cette histoire qui ne ressemble à aucune autre.

Helmer Van Wonderen, la cinquantaine bien avancée, vit dans la ferme familiale. Le roman s’ouvre alors qu’il installe son père, malade, impotent et autoritaire, dans une chambre à l’étage tandis que lui prend celle de son père et se lance dans quelques travaux d’aménagement du rez-de-chaussée, chassant couleurs tristes, tableaux déprimants et horloge bruyante. Est-ce cette simple décision qui va bouleverser la vie d’Helmer, une vie jusque là tranquille, trop tranquille, bercée par les soins à donner aux animaux et les saisons?

Helmer n’a pas choisi sa vie. La mort de son frère jumeau l’a, non seulement privé d’un appui essentiel dans la vie, mais aussi de sa liberté. Par fidélité, il a, en effet, décidé de prendre la place de son frère, abandonnant ses études et la voie qu’il avait choisie, pour s’occuper de la ferme. Helmer s’en rend compte : en fait, il vit une vie qui n’est pas la sienne. Mais comment faire pour en changer? N’est-il pas trop tard? Quelques évènements, des rencontres, des souvenirs vont peu à peu le pousser à sortir de sa réserve, à briser sa carapace.

Là-haut, tout est calme est un roman paradoxal. Il s’en dégage quelque chose d’indéfinissable et pourtant, si l’on scrute bien entre les lignes, rien d’extraordinaire dans ce livre. Pas de meurtre, pas de voyage au Japon, pas de contexte historique ou exotique… Au contraire, la vie d’Helmer est d’une banalité affligeante. Pourtant, une fois commencé, on ne peut se détacher de cette histoire. L’ambiance de la ferme, la beauté simple des paysages, les pensées et les souvenirs d’Helmer, sa curieuse relation avec son père, sa recherche patiente et obstinée d’un bonheur qu’il n’ose même pas imaginer… tout concourt à scotcher le lecteur à ce récit sans prétention mais sans faiblesses non plus! (si d’aucuns voient là une allusion cachée à nos chers écrivains champions de la rentrée littéraire… ils ont raison!)

Un très bon roman, qui ne fait pas de bruit dans le Landerneau germano-pratin mais que la blogosphère a beaucoup aimé. Allez donc voir les avis d’Aifelle, d’Armande, de BelleSahi et d’autres si mon billet n’a pas réussi à vous convaincre qu’en passant à côté, vous rateriez quelque chose.

Là-haut, tout est calme, Gerbrand Bakker, Gallimard, 21€90, disponible à la médiathèque de DZ.

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