Le 4 juillet 1936, jour de l’Independance Day, le docteur Cole et sa femme reçoivent dans leur chalet, au bord du lac, dans les Adirondacks, quelques amis de longue date. On est entre nantis, dans ce club très fermé où seuls les membres fondateurs peuvent posséder une maison, et le personnel qui va avec. La nature préservée permet à chacun de se ressourcer. Vanessa Cole, la fille du couple, s’ennuie ferme jusqu’à ce que Jordan Groves débarque sur le lac avec son hydravion. Artiste frondeur, homme de passions, il est à la fois peintre, « rouge », et séduisant.
Entre eux, un courant, fait d’attirance et de répulsion, s’établit d’emblée. Vanessa ne cache pas son attirance pour cet homme, aventurier et jouisseur. Le peintre, lui, conscient de l’aura de danger qui flotte autour de la silhouette de Vanessa, cherche à repousser ses avances sans y parvenir tout à fait. Vanessa est le type même de la femme sulfureuse et instable. Le décès de son père, ce même soir, va être l’élément déclencheur. Le temps d’un dernier battement de cœur, le destin des protagonistes de cette histoire va basculer. Personne ne sera épargné.
C’est avec une sorte de jubilation que Russell Banks plonge dans l’atmosphère survoltée des années 30. On pense à Fitzgerald, à Hemingway. Les personnages, tour à tour, émeuvent ou agacent le lecteur. Jordan Groves, le peintre qui est prêt à tout pour son art, est particulièrement bien cerné.
La Réserve n’est pas une histoire d’amour. Elle est plutôt le tableau implacable de l’effet qu’ont les richesses et les passions sur les hommes, et les femmes. Elle constitue aussi une sorte de réflexion sur la Vérité, le besoin que chacun en a, ou les compromissions qu’il est prêt à faire pour la cacher.
Au final, un roman qui a su m’emporter.
La Réserve, Russell Banks, Actes Sud.
Je viens de le finir en version audio et, après un début un peu poussif, j’ai été moi aussi emportée. Les personnages sont tous intéressants chacun à leur manière et leur portrait est fouillé. Et tu as raison de souligner que l’époque est bien rendue. Russel Banks est un auteur avec lequel je ne suis jamais déçue !
@ Sylire : oui, les personnages sont très travaillés! Et je vivrais bien dans la maison de Jordan Groves, moi… surtout pour l’atelier! Et la cuisine! 😉 Quant à l’hydravion, je sais qui ça intéresserait… 😀
Acheté à sa sortie, le roman est resté sur les étagères après que j’aie lu pas mal d’avis mitigés, pour ne pas dire déçus… même de « fans » de Banks. Encore un qu’ils serait peut-être bon de ressortir fissa de ma PAL
@ ICB : J’ai lu les avis déçus a posteriori, ça ne m’a donc pas dissuadée. Les reproches qui lui sont faits me paraissent un peu excessifs. Moi, j’ai surtout vu ça comme une réflexion sur les pulsions et la vérité que chacun cherche ou non. Le peintre Jordan Groves m’a parfois agacée mais les artistes sont souvent égoïstes, c’est une réalité! Bon, après ça, tu n’as plus qu’à te faire ton idée! 😉
coucou Gwenaëlle
Je fais un peu partie des « déçus » 😉
Et comme tu dis « Les personnages, tour à tour, émeuvent ou agacent le lecteur. » et bien ils m’ont plutôt un peu agacée (mais je suis contente de cette lecture pour l’arrière plan historique ;-))
bon dimanche
@ Valentyne : oui, la période est bien évoquée. Pour moi, l’agacement a été limité. 🙂
Ça fait longtemps que j’hésite à le lire, tu pourrais peut-être me donner le coup de pouce nécessaire.
@ Aifelle : pourquoi hésites-tu? les autres avis sont-ils encore trop frais dans ta mémoire?
Je me souviens d’avis assez négatifs, ça m’avait freinée.
@ Aifelle : oui, je les ai découverts après ma lecture, heureusement. J’ai trouvé les critiques négatives un peu injustes, parfois.
Entre Russell et moi, c’est tout ou rien, dans le cas de ce roman, ça n’a pas marché… J’ai eu l’impression (tenace) d’une histoire contemporaine transposée dans les années 30 pour faire plus exotique, et ça m’a agacée. Les tourments amoureux des personnages m’ont laissée de marbre !
@ Kathel : oui, j’ai vu ton billet sur Babélio. Pour moi, ce devait être le bon moment… Ce n’est que le deuxième livre de Russell que je lis.
Ouch, si Kathel dit que ça peut coincer, je ferais bien de l’emprunter en bibli plutôt ! J’ai aimé adoré Sous le règne de Bone, De beaux lendemains, et ça fait longtemps que je n’ai lu cet auteur !! Mais tu me tentes…
@ Anne : oui, les avis sont mitigés sur celui-là. Cela dit, je me suis laissée emporter, sans a priori. Et ça a marché. Sylire a bien aimé aussi.
Je n’y arrive pas avec cet auteur. J’ai essayé trois fois avec trois titres différents, rien à faire !
@ Jérôme : bah, quand ça va pô, ça va pô, hein… Et puis ce n’est pas comme si tu n’avais rien d’autre à lire! 🙂
Je l’ai lu en version audio cet été et j’ai bien aimé même si le rythme est un peu lent à mon goût…
@ Saxaoul : c’est peut-être l’audio qui fait ça… J’ai dévoré le livre en deux jours, à peine!
un auteur que je veux découvrir depuis plus d’un an,… et qui me fait peur! Tu arrives cependant à nuancer mes craintes!
@ Violette : peur? Par le choix des sujets, peut-être? Je le trouve très facile à lire, vraiment passionnant.
Il est dans ma PAL ( j’ai deux titres de cet auteur admirable en cas de pénurie) :)!
@ Clara : je crois que je n’en ai lu que deux de Russell Banks mais je ne vais pas m’arrêter là…
C’est le seul que j’aie lu de l’auteur, le moins représentatif de son œuvre, apparemment, et je l’avais apprécié.
@ Brize : représentatif ou pas, il m’a donné envie de poursuivre avec cet auteur! 🙂
Je le note pour une future lecture (je n’ai encore rien lu de Banks).
@ Grimmy : je ne suis pas très avancée non plus, au rayon Banks. Un recueil de nouvelles et celui-ci…
Pareil que Kathel, ce roman m’a déçue, je l’ai trouvé creux à côté de certains de ses grands romans.
@ Chaplum : je n’ai pas lu les grands romans, du coup, je me suis très bien contentée de celui-là. Un autre auteur dont je vais poursuivre la découverte.
Je l’ai « lu » en version audio. ce que je retiens: les paysages grandioses!
@ Mrs B : c’est vrai, les paysages sont superbement bien décrits, ça donne envie d’y aller. La maison du peintre n’est pas mal non plus… 😉