G 229

G 229, c’est l’histoire d’un homme qui rêvait, dans sa jeunesse, de voyager, d’aller apprendre le français aux petits Equatoriens. Par le jeu des affectations, il s’est en fait retrouvé dans la salle G229 d’un lycée de province. Il a choisi d’y rester dix, vingt ans et il y apprend encore l’anglais à des générations de petits français fâchés avec les langues… Roman ou plutôt récit, G 229, c’est du concentré d’expérience de prof, la vie dans cette fameuse salle avec, au menu, des découvertes, des fous-rires, des chagrins. La vie, un peu à part – parce qu’il est prof, justement – d’un homme comme les autres, peut-être plus sensible. Jean Philippe Blondel parle de son métier sans détours. Un métier qu’il aime, dans lequel il met du cœur, qui lui réserve de beaux moments d’émotion mais qui érode aussi inlassablement ses rêves, rentrée après rentrée, comme une succession de marées…

Il y a beaucoup d’humanité et de vécu dans cette salle. J’ai tourné les pages, été émue, amusée. Ça m’a rappelé quelques lointains souvenirs, les mots de certains de mes amis qui sont profs aussi (je les compte et il y en a pas mal, en fait… ). Mais c’est plus qu’un livre sur la vie de prof ou la condition enseignante car c’est une hisoire dans lequel le temps, le temps qui passe, tient un grand rôle. Il rejoint Le baby-sitter par certains aspects : les choix qu’on fait ou pas, les rêves qu’on garde au fond de soi sans jamais les réaliser, la succession de périodes de la vie, qu’on a l’impression de vivre l’une après l’autre mais qui, vues de loin, forment un tout, pas forcément cohérent, mais un tout quand même : ce que l’on est.

 

On écrit aussi.
« Is there any place on earth that means something special to you? Write about it. » Sujet Bac LV1 L 2007.
Y’a-t-il un endroit sur terre qui signifie quelque chose de particulier pour vous. Parfois, on se demande qui pond les sujets d’expression au bac. En fait, non, on ne se demande pas. On devine vaguement que ce sont des universitaires ou des profs émérites, probablement parisiens. L’inconnue, c’est comment leur vient l’idée. Est-ce qu’un matin ils prennent le métro, les stations défilent, les gens entrent et sortent, et soudain, ils voient l’affiche d’une agence de voyage vantant les mérites d’un séjour en République Dominicaine, avec en photo, justement, l’hôtel où ils ont passé leurs dernières vacances, celles où leur couple a failli voler en éclats et puis finalement, non, au dernier moment, la volte-face, la résignation, oui, nous finirons notre vie ensemble, avec toutes les désillusions que cela comporte, et les espoirs insensés aussi – et pof, le sujet naît comme ça, entre Etienne-Marcel et les Halles, il y a certainement un endroit sur terre qui signifie quelque chose de particulier pour vous. Parlez-en.

Pour une analyse en profondeur, je vous recommande le billet d’In Cold Blog.

G229, Jean-Philippe Blondel, Buchet Chastel, 14€50. Disponible à la médiathèque de Douarnenez aussi…

 

 

33 réflexions sur « G 229 »

  1. Les histoires de prof ne m’emballent pas vraiment, mais si tu dis que çà va au-delà, je le note quand même, j’ai envie de relire l’auteur.

  2. vu en librairie, repéré. j’ai acheté et lu « 1979 » du même auteur et j’ai adoré l’écriture, l’histoire. On m’a recommandé le baby sitter.

  3. Bonjour Gwenaelle, les professeurs comme les autres peuvent raconter leur vie. Je ne sais pas comment cela se passe dans sa discipline, mais je sais qu’en éco, le sujets sont choisis selon différentes procédures bien precises et non au hasard. A bientôt.

    1. @ David : Bonjour, c’est du délire d’auteur ça… je pense que le prof, lui, sait très bien comment ça se passe en cuisine mais il n’a pas pu résister à la tentation de faire le malin! 🙂 Sorti du contexte, cela peut effectivement donner une image peu sérieuse de l’Education Nationale… Tu fais bien de mettre les points sur les i!

  4. tu as l’air convaincue : ça va, tu rétablis l’équilibre de la dédicace non convaincante (ce qu’il a écrit, autrement il avait l’air très sympa). je le lis bientôt (enfin, c’est au programme entre deux lectures puisqu’il est maintenant dans ma PAL qui est composée d’une quarantaine de livres, alors en fait ce n’est peut-être pas pour tout de suite), je repasserai te dire ce que j’en ai pensé 🙂

      1. @ Constance : t’as intérêt sinon la police des blogs va faire une descente chez toi… Mais qu’est-ce que je raconte moi ce soir? 😉

  5. C’est vrai que les profs – malgré toutes leurs réticences premières- semblent unanimes quant à la qualité de ce bouquin. Je serais curieux de savoir ce qu’en ont pensé les collègues de JP Blondel qui ont certainement dû appréhender le roman de façon plus personnelle.

  6. Je ne suis pas prof (même si j’ai donné des cours pendant plusieurs années) mais c’est quand même un thème qui m’intéresse et surtout, Blondel a l’air d’en avoir fait un livre très juste et touchant !

  7. Bonjour ! J’arrive chez vous en passant par chez Bellesahi… J’ai lu il y a quelques jours, « G229 » et j’ai adoré car plus qu’un récit de vie de prof, une vraie interrogation sur le temps qui passe et sur ce qu’on fait de notre vie…

    J’ai lu aussi « Présent ? »de Jeanne Benameur sur la vie des profs : lisez-le. Il est d’une telle humanité qu’il me reste encore en mémoire!!!

    Je précise que je ne suis pas prof, mais le sujet m’intéresse car nos enfants passent tellement de temps avec eux!

    Bonne journée.

    1. @ Corinne : D’accord, je note ce livre de J. Bénameur. Tous ces récits sur le vécu des profs sont souvent intéressants, d’une part parce qu’il est vrai que nos enfants passent du temps avec eux et d’autre part parce que cela permet de dépoussiérer l’image du fonctionnaire je-m’en-foutiste qui ne pense qu’à ses vacances… Enseigner et enseigner bien, ce n’est pas donné à tout le monde! 🙂

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