J’ai découvert très récemment les Poèmes Bleus de Georges Perros et j’ai envie de partager avec vous quelques extraits qui m’ont tapé dans l’œil…
Tes vieilles à coiffe
Qui font du vélo sous la pluie
Mais pleut-il vraiment en Bretagne?
La légende le dit, mais quoi
Le crachin c’est une rosée
Qui vient de là-haut, qui s’enroule
Autour de nos fronts fatigués
Cela nous fait du bien à l’âme
C’est à peine si la route s’en trouve humectée
Le crachin ne va pas jusqu’à terre
Il est volatil, émulsion, neige d’été
Son bruit est doux, c’est de la ouate
Dieu se fait breton à ce bruit
Mobile et frais
Ou encore ces mots, en parlant de la mer
Elle est ce mur horizontal
Où s’appuyer quand rien ne va
Et rien ne va plus trop souvent
Cette béquille infatigable
Qui n’en finit pas de jeter
Sa parabole au fond des sables
Dans le cœur mat d’un coquillage
On l’entend encore chanter
Et ce dernier passage qui dit si bien l’âpreté de la vie des marins
Quand la retraite aura sonné
Il viendra s’asseoir sur le quai
Les mains tordues de rhumatismes
L’oreille rongée par le sel
L’œil blanc d’avoir trop navigué
Dans la nuit, d’en avoir scruté
La menace dans les étoiles
Il regardera immobile
Comme ces bédouins du désert
Sa belle usine sa maîtresse
Sa vie
Qui viendra de très loin, là-bas
Lui rire doucement au nez
Sans rancune au moins sans rancune
Pour la petite histoire, voici quelques notes biographiques sur le poète, extraites du livre Promenades Littéraires en Finistère, de Nathalie Couilloud
Georges Poulot est né (1923) et a grandi à Paris, avant de suivre ses parents à Reims et à Belfort. Elève du conservatoire d’art dramatique de Rennes et de Paris, il entre à la Comédie Française, ce qui ne l’amuse pas longtemps, puis devient lecteur pour le TNP de Jean Vilar, grâce à son amitié avec Gérard Philippe. Jean Grenier l’encourage à écrire et lui présente Jean Paulhan, chez Gallimard, où il publiera sous le pseudonyme de Georges Perros ses principales œuvres, dont Papiers Collés, mélange savoureux de pensées, d’aphorismes et de notes sur l’air du temps, Poèmes Bleus et Une vie ordinaire. En 1959, il vient s’installer à Douarnenez. « Ce pays est mon exotisme, je ne comprends rien à l’euphorie que j’y éprouve. Je me sens comme libéré. »
En se promenant aux Plomarch (vaste étendue de sous bois, de prairies, ourlée de petites criques, en plein cœur de Douarnenez) on peut encore voir la petite maison où Georges Perros s’installait pour écrire…
Si vous aimez la Bretagne, je ne saurais trop vous conseiller de lire et de relire Perros, pour le regard si juste qu’il porte sur ses paysages et ses habitants, et de découvrir ce livre qui propose un petit tour du Finistère à travers ses écrivains et ses peintres. C’est passionnant…
Poèmes Bleus, Georges Perros, Gallimard
Promenades Littéraires en Finistère, Nathalie Couilloud, Coop Breizh
très beaux poèmes en effet!! merci!
@ Choupynette : c’est pas mal de vivre au cœur d’un poème!
Pour une fois j’ai lu des poèmes, bon, ça va, ceux là…
@ Keisha : pourquoi, tu es allergique, d’habitude?
Très jolis textes; merci de les partager avec nous !
@ Mumu : et puis ça te rappelle des souvenirs! 😉
Bonjour Gwenaëlle
Je n’ai pas encore lu Georges Perros, mais je me souviens de ces quelques lignes trouvées dans « Rodano & autres récits » d’Hervé Carn à son sujet :
-Chaque être humain peut retrouver sa propre Bretagne, semble-t-il nous dire.
Xavier Grall, qui avait beaucoup d’estime pour lui, en parle aussi très souvent.
Quant au livre de Nathalie Couilloud, c’est un incontournable et une vraie mine de renseignements.
Il serait bien que chaque département de Bretagne ait un aussi riche inventaire.
A bientôt.
Yvon
@ Yvon : Bonjour! La découverte de ses poèmes m’a donné envie de plonger plus avant dans son œuvre… Et le livre Promenades littéraires en Finistère permet de se balader différemment dans ces lieux qui paraissent alors « habités » par le souvenir de tous ceux qui y sont passés, y ont vécu ou laissé leurs traces… A bientôt Yvon!
J’ai récemment noté « papiers collés », les poèmes d’aujourd’hui sont très beaux, il va falloir décidément que je me penche sur son cas, à ce monsieur.
@ Aifelle : un peu de poésie dans la vie, ça fait toujours du bien…
Je suis passée plusieurs fois devant le livre « promenades littéraires en Finistère » en me disant qu’il faudrait que je l’achète (la dernière fois à Carhaix) mais je ne l’ai pas encore fait. Bon, la prochaine fois sera la bonne !
Quand à Perros, je ne le connais que de nom… mais tu donnes envie de le découvrir !
@ Sylire : ces promenades littéraires sont une très bonne idée… ça te donnera des idées de balade ET de lecture! 😉
j’aime beaucoup le premier poème 🙂
merci pour le partage, ça apporte du calme, de la beauté et un sourire face à tous ça
Ma mère m’a offert à sa sortie les promenades littéraires en Finistère, c’est effectivement un incontournable. Le crachin qui ne mouille pas mais qui « humecte », c’est une invention de poète 😉
@ Armande : tu crois? 😉
Je ne comprends pas que ce livre ne soit pas encore arrivé sur ma table de chevet.
Le second poème de Perros me parle… La mer, l’horizon océanique, une béquille surement parfois une bouée de sauvetage.
@ Fransoaz : c’est étonnant de justesse, ces poèmes…
Merci pour ces beaux poèmes. je regrette de ne pas trouver sur le net ceux qui ont été mis en musique par Miossec, j’aurais aimé les entendre.
@ Rotko : pour tout ce qui concerne Miossec, il faut demander à Clara, c’est elle la spécialiste!